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Contre le tatouage

Dans la jeunesse des seniors d’aujourd’hui le tatouage était plutôt mal vu. À part quelques matelots au long cours qui avaient leur dulcinée dans la peau, l'écrasante majorité de tatoués se trouvait derrière les barreaux. Mais les temps ont changé. Le tatouage est en vogue.
Pour s'en convaincre, il suffit de fréquenter les endroits où la chair se dénude, comme à la plage par exemple.

Tatou-mania

Il devient en effet de plus en plus rare de voir une cheville, une fesse ou une épaule qui ne comporte pas un signe distinctif imprimé sur l’épiderme. Le spectacle le plus impressionnant étant sans nul doute celui de ces avant-bras, totalement recouverts de tatouages, tels qu'on peut les voir sur les terrains de football.
Face à cet engouement hors du commun, il semble néanmoins que la perspective de voir nos concitoyens transformés en pancartes publicitaires ne fasse pas que des émules.

Quelles sont donc les bonnes raisons de ne pas céder à la tatou-mania ?

Bonnes raisons de ne pas vous tatouer

Vous ne désirez pas subir l'esclavage de la mode.

Vous êtes convaincu que la vrai élégance en matière de tatouage n'est pas de porter un tatouage pour vous mettre en valeur, mais plutôt de mettre en valeur le tatouage que vous portez. Suivant cette logique, vous aimeriez trouver le tatouage intemporel qui traverse les âges, sans perdre son attrait.
Mission impossible !

Vous ne voulez pas être traité de vieux schnock par vos petits enfants, lorsque dans vingt ans, ils constateront avec écœurement, les symboles et effigies en vogue actuellement.

Votre meilleur ami a un magnifique tatouage de Che Guevara sur l'avant-bras, cependant il n'arrive pas à trouver un emploi. Les ressources humaines ont des critères de sélection qui restent secrets, mais ne parlons surtout pas de discrimination !
D'ailleurs lors de sa dernière entrevue, votre ami avait affaire au conseiller en personnel d’une grande banque qui portait lui aussi un tatouage dans la paume de la main. Un fer à cheval avec un lingot d’or !
Aurait-il pris votre ami pour un révolutionnaire anticapitaliste ?
Difficile à dire, mais constatons que malgré nous, et indépendamment de leurs indéniables qualités artistiques, les tatouages acquièrent un sens fort différent en fonction de nos interlocuteurs.

Vous n'avez pas envie de changer d'identité. Vous ne voyez donc aucune nécessité d'exhiber un tatouage malgré votre admiration pour l'art de la Papouasie.

Vous n'aimez pas souffrir sans raison vraiment valable. En plus, vous avez une sainte horreur de tout ce qui ressemble à une aiguille. Surtout lorsqu'elle s'insinue dans votre chair.

Vous constatez que les hommes ont tendance à diviser les femmes en deux catégories, celles qui ressemblent à leur mère et les autres...
Or la plupart du temps, les hommes respectent leur mère et celle-ci n’est généralement pas tatouée.

Comment vous justifier face à ceux qui persistent à voir vos antécédents amoureux dans vos tatouages ?
Vous n'en avez cure certes. Mais si la personne qui vous interroge a plus de valeur sentimentale que votre tatouage ; vous devez soit lui dire la vérité, au risque de rendre détestable votre tatouage (et vous-même par la même occasion), soit inventer quelque chose pour la tranquilliser. Dans ce dernier cas, votre réponse la plus probable à la question de savoir pourquoi vous avez tatoué Cendrillon sur votre fesse droite, est que vous avez agi sur un coup de tête. Or personne n'a envie de se mettre en couple avec une personne lunatique.

Le prénom de Paulette vous colle à la peau. Il suscite certes la curiosité de vos conquêtes amoureuses, mais dès qu’elles vous ont tiré les vers du nez leur intérêt retombe aussi sec. Avec raison d'ailleurs, puisque Paulette est le nom de la tortue avec laquelle vous avez cohabité plus de vingt ans. Avant de la larguer dans la nature. Pas très glorieux !

Si enlever un tatouage pouvait être aussi agréable qu’en mettre, sans doute ne verriez-vous pas d’inconvénients à vous faire graver ce magnifique hiéroglyphe égyptien sur l'épaule.

Cela vous coûte tout autant de vous faire tatouer par un amateur, avec lequel vous entretenez une relation amicale, mais qui risque de se rater (et vous par la même occasion), qu’avec un professionnel dans une atmosphère aseptisée, où vous avez l’impression d’être un cobaye de laboratoire.

Vous revendiquez le droit d’exhiber de manière privée votre tatouage sans pour autant renoncer à son affichage public. Mais ceci comporte un dilemme que vous n’avez pas encore résolu. Vos relations intimes ne tolèrent pas que votre tatouage se transforme en panneau publicitaire et que les gens vous utilisent comme un exutoire pour épancher leurs fantasmes morbides.

Il existe certainement d'autres raisons de ne pas se tatouer ; la plus importante étant sans doute celle de privilégier une forme de communication moins superficielle. Par exemple, en maintenant l'effet de surprise et une certaine pudeur sur soi-même, afin de privilégier la découverte du contenu plutôt que de l'emballage.