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La politesse un art de vivre

Alors que les actes d'incivilité se multiplient un peu partout, il existe encore un endroit sur terre où la politesse n'est pas un vain mot. Lorsque vous débarquez dans ce pays on fait preuve d’une prévenance sans égale pour répondre à vos besoins.

L'incontournable ojigi

Afin de ne pas être en reste et surtout de ne pas passer pour un énergumène, vous adoptez aussitôt l'incontournable ojigi, une inclinaison de la tête utilisée pour se saluer, se présenter, remercier, s'excuser ou dire au revoir. Mais attention de bien doser votre ojigi afin de respecter le rang social des personnes en présence. En cas de doute, c'est à dire à peu près toujours, les japonais s'engagent dans un ballet de courbettes du plus bel effet. Rien de tel pour dérider l’atmosphère !

Le citoyen du soleil levant se doit d'éviter toute situation qui compromettrait l'équilibre complexe de bonnes manières qui régissent la vie sociale depuis des siècles. Rompre cette harmonie, c'est perdre la face et devenir méprisable aux yeux des autres et de soi-même.

Le Japon est sans doute le seul pays au monde où le suicide (même parmi les jeunes) est parfois considéré une issue plus honorable que de subir la réprobation publique.

Un raffinement et une méticulosité sans faille

En plus de la politesse, l'ordre et la propreté sont respectés en toutes circonstances. Il est impensable de trouver des graffitis sur la voie publique et encore moins dans les transports publics où les sièges sont en parfait état.

Dans un restaurant japonais, on vous apporte d'abord l'oshibori , une petite serviette chaude, pour vous essuyer les mains. La gastronomie japonaise, est élaborée avec un raffinement et une méticulosité sans faille. Pour vous en convaincre essayez le kaiseki, une cuisine saisonnière artistique et délicate ou dégustez la viande marbrée du boeuf de Kobé (le nec plus ultra), massé au saké et abreuvé à la bière.
Ce n'est pas pour rien que les futures toques françaises viennent se former à la rigueur nippone!

La première divinité incarnée

Certains pensent que le savoir-vivre japonais provient du keigo, le langage du respect et de l'humilité développé durant la période féodale, il y a plus de 800 ans. Il existe en effet mille et une manières de s'excuser et de dire merci, avec toutes les nuances nécessaires pour ne pas blesser la susceptibilité de votre interlocuteur.
Pour d'autres, c'est dû au shintoïsme, la religion native du Japon qui enseigne que les kamis (divinités) habitent toute chose, d'où le respect qu’on leur voue. Selon le kojiki (chronique des faits anciens) Izanagi et Izanami sont descendus de la Voie lactée pour créer les îles du Japon, le pays des dieux. L'empereur du Japon était lui-même considéré comme la première divinité incarnée. Un modèle de vertu pour ses sujets.

Traditions ancestrales et modernisme

Les chantres de la liberté individuelle ne manqueront pas de s'interroger sur cette incroyable uniformité de bonnes manières.
Codes de conduite moraux ou symboles de l'hypocrisie?
Une satire corrosive de la société japonaise a été présentée par l'écrivain Amelie Nothomb dans son roman autobiographique «Stupeur et tremblements» illustrant les difficultés d'insertion d'une traductrice étrangère dans une multinationale nippone. Elle se retrouve dame pipi (presque sans s’en rendre compte) en raison de son incapacité à saisir les règles très subtiles de la bienséance japonaise.

Contentons-nous d'observer que le Japon est un monde à part, fascinant et mystérieux. Un alliage unique de traditions ancestrales et de modernisme qui vaut mille fois le détour.