Menu

Le fait et la cause

« Assurons-nous bien du fait, avant que de nous inquiéter de la cause. Il est vrai que cette méthode est bien lente pour la plupart des gens qui courent naturellement à la cause, et passent par-dessus la vérité du fait ; mais enfin nous éviterons le ridicule d’avoir trouvé la cause de ce qui n’est point. Je ne suis pas si convaincu de notre ignorance par les choses qui sont, et dont la raison nous est inconnue, que par celles qui ne sont point, et dont nous trouvons la raison. Cela veut dire que, non seulement nous n’avons pas les principes qui mènent au vrai, mais que nous en avons d’autres qui s’accommodent très bien avec le faux. » Bernard le Boyer de Fontenelle

Prévenir les classifications hasardeuses est nécessaire lorsque nous sommes confrontés à des situations conflictuelles très polarisées. Avant de nous prononcer, nous devons saisir la vraie nature du problème. Une fois cette compréhension acquise, nous serons mieux à même de chercher des solutions appropriées.

Exemple

C'est en parlant d'elle-même à la troisième personne que Dominique débute le récit de son calvaire :
« L'existence de Dominique semblait heureuse derrière les murs de sa belle demeure. Pourtant Dominique subissait quotidiennement la violence physique, verbale et psychologique de son conjoint. Dominique n'avait personne vers qui se tourner. Puis vint le divorce. Lors des nombreuses procédures légales qui s'ensuivirent, son conjoint poursuivit son travail de sape. Au point que Dominique s'endetta. Sans ressources, Dominique ne pouvait plus se défendre correctement. Dans la foulée, Dominique perdit son emploi, son logement et la garde de ses enfants. Le public est rarement conscient de l'existence de conjoints manipulateurs comme celui de Dominique. Je m'appelle Dominique et ceci est mon histoire.»
Dominique poursuit son récit en réaffirmant son amour indéfectible pour ses enfants. Son ex-conjoint est décrit comme un pervers narcissique. Dominique dénonce la situation alarmante de l'aliénation parentale. Dominique n'a plus la force de contacter ses enfants. Il n'y a plus d'espoir, ils sont définitivement perdus. Dominique espère cependant qu'ils prendront un jour conscience de la tragédie orchestrée par son ex-conjoint.

En continuant la lecture de son témoignage, on apprend que Dominique avait dans un premier temps fui le domicile conjugal avec ses enfants. « Pour ma propre survie ». Durant ce laps de temps, Dominique se souvenait vivre en parfaite osmose avec ses fils ; assumant le rôle de père et de mère.
Dominique décrit la personnalité manipulatrice de son ex-conjoint, en citant des études de psychologie. Dominique fait allusion à des rapports médicaux multiples (plus de 200 pages) mettant en évidence la violence conjugale endurée (durant plus de vingt ans).
Pourtant Dominique ne révèle jamais les détails circonstanciés de ces abus.
De la simple pudeur ?
Dominique relate pourtant d'autres détails intimes de sa vie.
Quelle est alors la motivation d'un tel déballage public ?
À travers son expérience, Dominique espère sensibiliser les lecteurs à la problématique de l'aliénation parentale.
Pouvons-nous nous baser uniquement sur la sympathie que nous inspire Dominique pour accepter sa version des faits ?
Nous imaginons sans peine que son ex-conjoint et ses fils démentiront ses accusations.

D'autres questions se posent :
Lors de la fuite du domicile conjugal avec ses enfants, Dominique ne précise pas si son acte était légal.
Pouvons-nous exclure que Dominique n'ait pas tenté d’enlever ses enfants ?
Dominique semble également ne pas avoir perdu son inclination à régler ses problèmes devant les tribunaux puisqu'un lecteur, également victime de l'aliénation parentale, est traîné en justice pour avoir publié la même histoire qu'elle.
Nous avons le sentiment que le besoin d'imposer son point de vue est, chez Dominique, bien plus important que celui de chercher des solutions raisonnables à ses problèmes.
Au point que nous nous demandons si sa vision dichotomique de la réalité n'est pas la cause principale de ses difficultés.

Conclusion

L’absence de preuve n’est certes pas la preuve de l’absence d’un fait. Afin de convaincre notre auditoire, nous devons cependant être capables de démontrer la véracité de ce que nous avançons. De nombreuses zones d'ombre subsistent dans le récit de Dominique. Elles doivent nous faire prendre conscience que son point de vue est sujet à caution.